Comment capter l’attention à l’oral en racontant des histoires ?

Comment capter l’attention à l’oral en racontant des histoires ?

On connaît tous quelqu’un dans son entourage qui arrive à capter l’attention de tout le monde en racontant des anecdotes divertissantes. Utiliser le storytelling est un excellent moyen pour attirer l’attention de vos interlocuteurs et faire en sorte qu’ils vous écoutent jusqu’au bout.

Qu’est-ce qui rend les histoires si puissantes ?

C’est dans notre ADN humain

Dans son livre “Sapiens : Une Brève Histoire de l’Humanité”, Yuval Noah Harari, historien et professeur d’histoire, explique que nous façonnons notre réalité au travers des histoires que nous racontons aux autres et à nous-mêmes.

L’avantage de l’Homo Sapiens sur toutes les autres espèces vivantes connues résiderait dans sa capacité à produire des fictions. Celles-ci permettent ainsi à plus d’1 milliard de personnes qui ne se rencontreront jamais de faire société dans un ensemble imaginaire appelé Inde ou Chine. Et cette capacité à nous fédérer et à coopérer à grande échelle est ce qui a permis à notre espèce d’occuper la place dominante sur la planète Terre.

Notre capacité à nous raconter des histoires serait donc la base de ce qui fait notre humanité. Notre cerveau est fait pour être réceptif aux histoires car nos ancêtres s’en sont racontées depuis des générations.

Elles sont divertissantes

Dans une histoire, il y a toujours une part de suspens qui nous incite à écouter jusqu’au bout. Notre curiosité de connaître la suite crée une excitation qui nous maintient en haleine. 

Dans une histoire, il y a également différents personnages auxquels on s’identifie par effet miroir ou qui nous font penser à des personnes de notre entourage. On peut s’impliquer totalement dans une histoire ou être chamboulé par un récit qui nous parle.

Il y a aussi diverses émotions traversées par les personnages que l’on peut ressentir par empathie et des émotions propres comme la peur ou la joie que nous générons face aux événements inattendus qui nous sont racontés. C’est pourquoi les enfants adorent qu’on leur raconte des histoires et à l’âge adulte, nous continuons à le faire en lisant des romans ou en regardant des films.

Elles sont faciles à mémoriser

Une histoire est un enchaînement d’événements logiques parfaitement adapté au cerveau qui fonctionne par associations d’idées. Il est plus facile pour un être humain de retenir une succession d’éléments qui ont une relation de cause à conséquence qu’une liste d’informations sans aucun lien entre elles. 

Essayez tout simplement de retenir cette liste : 

  • corbeau
  • arbre
  • fromage
  • renard
  • odeur
  • flatterie
  • voix
  • bec
  • tomber
  • voler

Et maintenant, essayez à nouveau de la retenir en lisant cette histoire : 

“C’est l’histoire d’un corbeau perché sur un arbre qui tient dans son bec un fromage. Un renard, alléché par l’odeur du fromage souhaitant le déguster, commence à parler au corbeau en lui faisant de nombreuses flatteries pour écouter sa belle voix. Amadoué par ces compliments, le corbeau ouvre le bec pour chanter et laisse tomber son fromage, que le renard s’empresse de voler. A ce moment-là, le corbeau comprend la ruse trop tard et se promet de ne plus jamais se faire prendre. ”

Plus facile à retenir non ? 

Vous avez reconnu la célèbre fable de La Fontaine, “Le Corbeau et le Renard”. Cette histoire facile à mémoriser recèle en réalité une morale. C’est l’idée qu’il faut se méfier des personnes flatteuses qui peuvent faire des compliments pour servir leurs propres intérêts et que les personnes qui se laissent facilement séduire sont aussi les premières à se faire manipuler. A travers cette fable, nous mémorisons les événements de l’histoire mais aussi son message implicite.

Comment bien raconter une histoire ?

« Pour que l’événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter. »  Jean Paul Sartre

Cette citation de Jean-Paul Sartre exprime bien l’idée qu’un même évènement apparemment banal ou ennuyeux peut paraître captivant dès qu’on le raconte sous la forme d’une histoire. Tout est donc une histoire de forme.

Les histoires suscitent l’adhésion, inspirent, convainquent et influencent les émotions de ceux qui les écoutent. Mieux elles sont racontées, plus leur impact est fort sur ceux qui les écoutent. Essayer de raconter une histoire ne suffit donc pas : il faut s’y prendre avec un peu de méthode pour bien le faire et pouvoir ainsi exploiter toute la puissance que cette technique, aussi appelée en anglais “storytelling”, apporte.

Le storytelling est une méthode de communication qui consiste à raconter une histoire pour faire passer un message. Au quotidien, décrire une expérience pendant un entretien d’embauche, faire un discours inspirant devant un large public (ex: conférence TED), convaincre par l’exemple en racontant une anecdote sont des moments où il est important de savoir faire un storytelling. 

Respecter une structure

Les histoires respectent toutes la même structure et si vous cassez cette structure (par exemple en racontant tout de suite la fin), vous perdez tout l’effet de l’histoire.

La structure du storytelling a notamment été théorisée par Joseph Campbell dans son ouvrage “Le héros aux mille et un visages”. En étudiant les mythes, contes et légendes du monde entier, il a extrait une structure récurrente qu’il appelle “le monomythe” en 12 étapes. On peut aujourd’hui facilement retrouver ces étapes dans les films et récits connus de notre époque. 

Toutes les explications en vidéo :

La version simplifiée de ces 12 étapes peut se résumer en 5 étapes que l’on appelle aussi le schéma narratif.

1) Situation initiale 

Elle permet de poser les bases de votre récit. Elle se compose de : 

  • une accroche (facultative si vous avez déjà l’attention des personnes); 
  • une présentation du cadre spatio-temporel (quand, où); 
  • une présentation des personnes impliquées dans cette histoire; 
  • le thème de l’intrigue. 

Souvent dans les histoires, on reconnaît ce moment lorsqu’on entend : “Il était une fois…” et “Tous les jours…”. Par exemple :

“Il était une fois une princesse enfermée dans un donjon dans un pays fort lointain. Tous les jours, elle se brossait les cheveux à la fenêtre en espérant qu’un prince viendrait la délivrer.”

2) Élément perturbateur / Nœud 

Il s’agit d’une rencontre ou un événement déclencheur qui pose problème dans votre histoire. Ce moment sonne le véritable démarrage de l’histoire, qui serait absolument inintéressante si un élément ne venait pas perturber le quotidien du héros.

3) Péripéties 

Il s’agit d’une série d’actions qui découlent de l’élément perturbateur et qui constituent le cœur de l’histoire. Pour essayer de résoudre son problème, le héros va entreprendre diverses stratégies qui vont susciter l’espoir ou le désespoir, la rencontre d’amis et d’ennemis sur son chemin.

4) Elément de résolution / Dénouement

Le moment de tension maximale, le point de bascule. On ne sait pas si la suite va être positive ou négative. Le doute est à son paroxysme. 

Dans les histoires classiques, c’est souvent le moment où le héros combat le grand méchant ou un moment de confrontation. A l’issue de cet évènement, les obstacles sont résolus ou n’ont pas été franchis. On sait si le héros a trouvé une solution ou pas.

5) Situation finale / Ouverture 

Elle se compose de :

  • une présentation de la nouvelle situation post-dénouement; 
  • une présentation d’un message : quelle leçon tirer de cette histoire. 

 

Parfois ces 6 étapes peuvent être racontées plus ou moins rapidement.

Vous pouvez trouver aussi une certaine forme d’originalité dans les histoires qui revisitent cette structure. Par exemple, dans le film Irréversible” de Gaspard Noé avec Monica Belluci, tout le film est raconté à l’envers : on commence par la fin et l’intrigue du film consiste à remonter les événements un par un pour comprendre comment les héros de l’histoire en sont arrivés là.

Ne pas oublier les ingrédients magiques

Pour faire un bon gâteau, il ne suffit pas d’avoir une bonne recette. De la même manière, pour raconter une bonne histoire, il ne suffit pas de respecter les étapes. Il vous faut aussi de bons ingrédients qui vont donner corps à l’histoire.

Clarté 

Soignez l’introduction et la conclusion. Eviter le traditionnel « voilà » à la fin en prévoyant votre conclusion et la chute de l’histoire à l’avance.

Dans le développement de votre histoire, essayez d’introduire des mots de transition qui permettent de comprendre la chronologie des évènements ou la logique des enchaînements comme : “Ensuite”, “Tout d’un coup”, “C’est alors”, “Enfin”.

Tension 

Créez du suspens en ne racontant pas la fin tout de suite et en laissant des moments de silence. 

Variez la voix notamment juste avant les moments clés en ralentissant ou en haussant le ton au moment du coup de théâtre.

Présentez un héros et un méchant (qui peut être symbolisé par une personne, un obstacle, une peur, etc.). 

Emotions

Privilégiez une histoire personnelle qui a beaucoup plus d’impact qu’une histoire vécue par quelqu’un d’autre car vous aurez beaucoup plus d’émotions  à apporter si vous êtes le protagoniste principal.

N’hésitez pas à nommer vos émotions ou à les évoquer implicitement à travers les sensations corporelles ou les pensées qui vous ont traversées. Par exemple : “j’avais la gorge nouée” ou “je me suis dit que c’était trop tard”.

Immersion

Une histoire doit être comme un voyage ou un film que votre public peut se représenter dans sa tête. Susciter l’empathie du public en faisant en sorte qu’il se sente concerné par l’histoire et se dise « ça aurait pu m’arriver ». Vous pouvez inclure le public en utilisant des expressions inclusives comme « vous », « ça vous est peut-être déjà arrivé… ». Introduisez des faits ou des actions que votre public connaît et auxquels il peut s’identifier. 

N’oubliez pas les descriptions : décrire un paysage, une personne, une atmosphère. Ne soyez pas trop longs : l’objectif n’est pas de tout décrire mais plutôt d’utiliser des détails précis qui permettront au public de se représenter la scène en un seul mot et de reconstituer le reste par son imagination. Par exemple, évoquez des petits détails qui font la différence comme parler de la couverture du magazine que vous lisiez quand vous étiez jeune, la couleur bleue des volets de la maison, une ride au coin des yeux de votre grand-mère, etc.

Inspiration

Une histoire inspirante est une histoire qui comporte une morale à la fin, comme dans les Fables de La Fontaine. L’idéal est que votre histoire serve de leçon et puisse transmettre un message utile à votre public dont il se souviendra encore des années après.

Exercice d’application : analysez les discours suivants

Voici deux interventions orales qui utilisent l’art du storytelling. Dans chaque discours :

  • notez la structure utilisée
  • les différents éléments qui correspondent aux 5 ingrédients d’une bonne histoire : clarté, tension, émotions, immersion et inspiration.

On attend vos réponses en commentaires !

Conférence TED : Comment la course m’a donné une leçon de vie

Discours de Steve Jobs à Stanford (2005)

S’entraîner à raconter une histoire

Après avoir lu tous ces conseils et observé concrètement comment de très bons orateurs utilisent le storytelling, vous vous demandez peut-être : et comment je l’applique ?

Notre stage “Le storytelling : raconter des histoires pour transmettre ses idées” vous permettra de pratiquer dans des mises en situation et de recevoir des retours personnalisés qui vous permettront de progresser dans la maîtrise de cette technique.

Nos sessions de formation individuelle peuvent également vous aider à appliquer ces techniques de manière personnalisée dans vos prises de paroles concrètes : apprendre à raconter une expérience en entretien d’embauche, en rendez-vous client, en interview ou dans une présentation en public.

Comment peut-on apprendre à parler en public ?

Comment peut-on apprendre à parler en public ?

Apprendre à parler en public : quand la rhétorique était enseignée à l’école

Saviez-vous qu’apprendre à parler en public était possible à l’école, en France, jusqu’en 1902 ?

C’était ce qu’on appelait les classes de rhétorique. 

Dans ces classes, les élèves de lycée apprenaient des techniques et pratiquaient des exercices pour produire leurs propres discours. Elles ont été supprimées dans l’enseignement au début du XXe siècle.

Cela fait donc presque 120 ans que nous n’apprenons plus l’art de bien parler.

C’est pourquoi nous sommes tous une majorité à penser que ceux qui s’expriment avec éloquence serait doués d’un talent inné.

Or parler en public est une compétence qui s’apprend.

Théâtre antique

La rhétorique, ou l’art de bien dire pour persuader et convaincre, est une discipline qui a été théorisée en Grèce antique. A l’époque de la démocratie athénienne, elle faisait partie des 7 arts à maîtriser dans un parcours scolaire.

La rhétorique était enseignée à l’école jusqu’en 1902. L’Etat français a supprimé cette matière pour des raisons idéologiques et politiques. L’art oratoire était perçu comme aristocratique, trop élitiste et formaté. 

Ce phénomène ne s’est pas observé dans d’autres pays comme les Etats-Unis ou l’Angleterre où la culture de l’oral a été préservée. Ce qui explique pourquoi les Anglo-saxons sont souvent plus à l’aise en prise de parole en public que les Français !

Aujourd’hui l’Education Nationale se ré-intéresse à l’importance d’apprendre à parler en public avec la réforme du lycée et la mise en place d’un Grand Oral au Bac.

On comprend facilement pourquoi : la capacité à s’exprimer et exposer ses idées à l’oral est une compétence essentielle aujourd’hui pour la vie professionnelle, citoyenne et sociale. 

Ci-dessous, vous pouvez retrouver une vidéo dans laquelle j’interviens pour parler de ce sujet avec Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education Nationale.

Prendre la parole : à la fois un art et un sport

Apprendre à parler en public ne se résume pourtant pas à l’analyse et à l’écriture de discours. L’art oratoire se pratique aussi comme un art et un sport. En ce sens, il est cousin du chant, du théâtre et de la danse.

Comme tout art, il comprend de la technique et de la pratique. Apprendre à parler en public, c’est comme apprendre à chanter. Vous pensez peut-être qu’il y a des gens qui sont doués pour bien chanter mais c’est surtout une aptitude qui se travaille !

“Le talent c’est 1% d’inné et 99% de travail”.

…comme le disait Gata Kamsky, célèbre joueur d’échecs.

Comme tout sport, l’art oratoire est une discipline du corps. Le corps est l’outil principal de l’orateur ou de l’oratrice. Par le regard, la posture et la voix, il ou elle incarne son propos. 

Le corps est un moyen d’expression. Deux personnes peuvent avoir exactement le même texte, c’est la manière dont chacune le dira avec son corps, son intonation et ses gestes, qui produira une réelle différence.

L’art oratoire ne doit pas donc pas se penser comme une discipline purement cérébrale ou scolaire dans laquelle il suffirait d’écrire son discours, l’apprendre et le réciter. 

L’art oratoire est un sport qui se pratique comme tel. Il faut s’entraîner à l’oral, répéter à l’oral, saisir les occasions de pratiquer en se portant volontaire pour faire des présentations ou des discours par exemple.

Homme sur scène

Et concrètement, comment apprendre à parler en public ?

La meilleure manière d’apprendre à parler en public est de pratiquer. En prenant la parole régulièrement devant les autres, vous accumulerez de l’expérience qui vous permettra de gagner progressivement en confiance et en aisance. Votre corps mémorisera aussi l’attitude à adopter quand vous prenez la parole en public, l’intonation, les gestes et le regard.

Mais il ne suffit pas uniquement de pratiquer car comme en sport, si vous avez la mauvaise technique et que personne ne vous le dit, vous risquez d’ancrer de mauvaises habitudes à votre détriment.

Qui ne connaît pas des personnes autour de soi qui ont l’habitude de parler en public et qui adorent parler mais ne parlent pas bien ? Leurs propos sont trop longs, répétitifs et déstructurés.

« Il est plus facile d’apprendre que de désapprendre. » (proverbe anglais)

C’est pourquoi il est important que vous puissiez avoir des retours et des critiques constructives sur vos prestations orales. Et c’est là que les choses se compliquent… car bien souvent, votre public n’osera pas vous faire de retour sur ce sujet. Et vos amis et votre famille sont biaisés parce qu’ils sont proches de vous ou ne sont pas experts de la question.

Prendre des cours est le meilleur moyen d’apprendre à parler en public et de progresser rapidement car :

  • vous n’avez pas besoin de chercher des occasions de pratiquer : les cours vous permettent de le faire devant les autres à un rythme régulier !
  • vous pouvez avoir des retours sur vos prestations : à la fois de la part des autres qui vous partageront leurs impressions mais aussi de la part du professeur qui pourra vous faire un retour technique et vous donnera la solution pour vous améliorer.

Voici ci-dessous un aperçu de ce à quoi un stage de prise de parole en public ressemble.

L’art oratoire : une discipline qui se démocratise

Si dans le passé, seuls les dirigeants, managers et hommes politiques avaient le luxe de se faire coacher pour atteindre leurs objectifs, aujourd’hui, cela se démocratise de plus en plus. 

On peut se faire coacher pour apprendre à parler en public, pour progresser dans sa carrière et pour développer sa confiance en soi de manière générale.

C’est d’ailleurs ce que je trouve le plus formidable dans le fait de prendre la parole en public. Ce n’est pas une compétence qu’on devrait acquérir, juste de manière utilitaire. C’est une compétence qui permet aussi de se développer personnellement et professionnellement en tant qu’individu.

Alors oui, s’exprimer avec aisance à l’oral, développer sa capacité à convaincre et à défendre ses idées, cela s’apprend… et il n’est jamais trop tard pour commencer !

 

Pour résumer : 

  1. La difficulté à prendre la parole en public peut s’expliquer par la culture de notre pays
  2. Prendre la parole en public est une compétence qui s’apprend comme lire, écrire ou n’importe quelle autre compétence qu’on pourrait enseigner à l’école !
  3. Comme tout art et sport, c’est l’alliage de la technique et de la pratique qui fera de vous un bon orateur ou une bonne oratrice
  4. Votre attitude à l’oral est plus importante que le contenu de ce que vous dites et nous négligeons trop souvent l’importance du corps dans la prise de parole
  5. La manière la plus rapide d’apprendre à parler en public est de trouver des cours où vous pourrez à la fois pratiquer et avoir un retour constructif sur vos interventions

Si vous voulez en savoir plus sur les cours de prise de parole en public proposés par Ad Maiora, vous pouvez essayer un premier cours gratuitement, consulter ma pédagogie et me contacter directement.

Comment se mettre en valeur professionnellement

Comment se mettre en valeur professionnellement

L’art de se mettre en valeur professionnellement

Se mettre en valeur professionnellement est un art qui s’apprend. Et lorsqu’on a pas forcément les codes pour le faire, on peut se sentir lésé ou freiné dans son évolution professionnelle. Cet article vous partage quelques conseils pour que, vous aussi, vous puissiez mettre toutes les chances de votre côté.

J’aimerais vous raconter l’histoire de Clara à titre d’exemple.

L’histoire de Clara

Clara était tradeuse en 2013. Elle travaillait en binôme avec Jules, un autre trader junior. Un jour, Jules et elle ont été chargés d’exécuter une très grosse opération. Dans ce genre de situation, le travail demandé est très intense. Ce sont des coups de fil toute la journée avec des dizaines d’interlocuteurs, beaucoup de concentration et aucune pause. Mais grâce à leur travail d’équipe, l’opération fut un succès !

Le soir, lorsque leur chef revient, il demande : “Alors comment ça s’est passé ?”. Spontanément, son collègue Jules se lève et commence un débrief enthousiaste auprès de son chef. Il décrit avec précision tout le travail qu’ils ont accompli. Pendant ce temps, Clara, occupée au téléphone, reste assise. Elle les regarde discuter en souriant, elle-même très fière de leur travail. 

Mais ce qui se passe l’étonne tout d’un coup. Son chef, ravi de cette nouvelle, finit par féliciter vivement Jules comme s’il était responsable de ce succès : “Bravo Jules, tu as vraiment assuré aujourd’hui. Continue comme ça, c’est bien !”. Il l’oublie complètement alors que tous les deux avaient travaillé ensemble à égalité sur le projet.

A la fin de la journée, Jules avait réussi à se mettre en valeur professionnellement alors que Clara en avait raté l’occasion.

Quelles sont les trois leçons intéressantes à tirer de cette histoire ?

1) Il ne suffit pas de savoir-faire, il faut aussi faire-savoir.

Réunion en entreprise

Dans cette situation, Jules est celui qui s’est porté volontaire pour faire le compte-rendu auprès de son supérieur hiérarchique. Il a ainsi pu se mettre en valeur professionnellement.

Clara aurait mieux fait de mettre en pause son appel pour être également présente devant son chef et prendre l’initiative du débrief.

Son silence l’a rendue invisible.

Dans le monde du travail, il ne suffit pas de bien faire son travail. Souvent les gens n’ont pas le temps de regarder de près ce que vous faites. Ils ne s’en rendront compte que si vous le valorisez à l’oral.

Et c’est ainsi que les personnes qui s’expriment en réunion et sont volontaires pour prendre la parole en public finissent par progresser plus rapidement que les autres dans leur carrière.

Celui qui prend la parole se rend visible.

Mais bien souvent, nous n’osons pas être cette personne car c’est difficile. Cela nous demande des efforts, il faut se préparer, affronter le regard des autres et on préfère souvent que ce soit quelqu’un d’autre qui le fasse.

Pourtant, gardez en tête que celui qui se porte volontaire pour prendre la parole est celui qui représente le travail réalisé. 

Prendre la parole en public n’est pas une corvée, c’est une opportunité. 

L’opportunité de vous lever pour défendre vos idées, votre travail et partager vos fiertés. 

Ne laissez jamais quelqu’un d’autre s’approprier ce que vous faites.

2) Bien s’exprimer à l’oral est une compétence multiplicatrice.

Image de plantes qui poussent

Pour se mettre en valeur professionnellement, il ne suffit pas d’oser prendre la parole. Il faut aussi savoir bien le faire. Si notre Jules s’était exprimé de manière confuse devant son chef, en bredouillant des propos incompréhensibles, est-ce que celui-ci l’aurait vraiment félicité ?

Bien parler en public et s’exprimer à l’oral est quelque chose qui s’apprend. C’est pour cela que je parle de compétence et non pas de don ou de talent. Et parmi toutes les compétences, elle remporte une double mise car il s’agit d’une compétence multiplicatrice.

Qu’est-ce qu’une compétence multiplicatrice ? (traduit de l’anglais : multiplier skill)

C’est une compétence qui multiplie la valeur de vos compétences existantes. Savoir prendre la parole en public n’est pas seulement une compétence qui s’additionne à ce que vous savez déjà faire. C’est une compétence qui va multiplier la valeur perçue de toutes vos autres compétences.

Un exemple très simple pour le comprendre : deux candidats à un job qui ont un CV et des compétences égales. L’un bafouille en entretien, l’autre met en valeur ses qualités avec confiance et aisance. Lequel aura le plus de valeur perçue ? 

Vous connaissez la réponse.

Parmi les autres compétences multiplicatrices, on trouve aussi l’art de bien écrire ou l’art de bien s’habiller. Entre un mail rempli de fautes et un autre écrit dans une grammaire correcte, entre une tenue négligée et un style vestimentaire élégant, la valeur perçue de votre professionnalisme en sera impactée. 

Apprendre à parler en public est donc un investissement. 

Vous acquérez une nouvelle compétence qui elle-même portera ses fruits et accordera un bonus de valeur perçue à toutes vos compétences actuelles et à venir.

3) Pour se mettre en valeur professionnellement : “L’habit ne fait pas le moine mais il ouvre les portes du monastère”.

Porte fermée

Je comprends ceux qui déplorent que nous accordions tant d’importance à la forme et aux apparences. Et aussi ceux qui ne supportent pas les “m’as-tu-vu” et autres narcissiques en entreprise qui ramènent toujours la couverture à eux. L’objectif n’est pas de tomber dans ces caricatures superficielles.

Victor Hugo disait :

“La forme, c’est le fond qui remonte à la surface.” 

On est d’accord : bien parler en public ne doit pas combler un manque de compétences – qui finit tôt ou tard par se découvrir – mais valoriser vos talents réels et vos idées existantes, de manière positive.

Si vous rechignez à accorder de l’importance à ces petites choses, sachez que si l’habit ne fait pas le moine, il ouvre au moins les portes du monastère. Il ne faut pas que le ressentiment ou la méfiance envers les beaux-parleurs vous empêche de vous valoriser ou de décrocher les opportunités que vous méritez. En réalité, il ne s’agit pas d’eux mais plutôt de vous.

Un jour, une DRH nouvellement promue m’a expliqué que ses supérieurs avaient hésité à lui donner le poste car ils craignaient qu’elle n’ait pas les épaules pour mener des réunions avec les équipes et prendre la parole en public.

Un consultant que j’accompagne m’a également avoué avoir refusé à contre-coeur un bon candidat dans leur entreprise car il n’avait pas les codes à l’oral et ne présentait pas assez bien devant le client.

Toutes ces situations sont extrêmement dommageables, à la fois pour vous mais aussi pour la société qui perd un talent.

En résumé

Bien s’exprimer à l’oral est nécessaire pour se mettre en valeur professionnellement et vous ouvrir les portes que vous souhaitez. 

Elle vous apporte la visibilité, la légitimité et l’opportunité. 

Mais plus que ça, j’ai constaté qu’apprendre cette compétence apportait aussi aux individus plus de confiance en soi, d’assurance et d’estime d’eux-mêmes. Et rien que pour ça, ça vaut le coup de s’y mettre !

A suivre : Comment peut-on apprendre à parler en public ?

*L’histoire de Clara est une histoire vraie racontée dans le podcast “Les règles du Jeu” de Clara Moley.

Si vous voulez en savoir plus sur les cours de prise de parole en public proposés par Ad Maiora, vous pouvez essayer un premier cours gratuitement, consulter ma pédagogie et me contacter directement.

Gérer son stress pour parler en public

Gérer son stress pour parler en public

Dans ce TED Talk, Kelly McGonigal nous explique que le stress n’est pas forcément quelque chose de mauvais : au contraire, on peut le transformer en véritable ami.

Le stress n’est pas forcément quelque chose de négatif

Personne n’aime le stress. On a le coeur qui bat, des bouffées de chaleur, les mains moites et tremblotantes… Ces signaux corporels sont pourtant le signe que votre corps se prépare à l’épreuve ! Et oui, il met en place toutes les conditions pour vous aider à fuir ou combattre dans une situation de danger : un mécanisme que notre corps a mis en place pour survivre. Certains sportifs affirment même que sans stress, ils ne seraient pas capable de donner le meilleur d’eux-mêmes et d’atteindre la performance.

Si vous ressentez les symptômes du stress, commencez d’abord par vous en féliciter. Vous êtes en pleine préparation pour faire une performance et heureusement que le stress est là ! L’enjeu n’est donc pas de faire disparaître le stress. Il sera toujours là, quoi que vous fassiez. C’est automatique. Même les plus grands comédiens, après des années de pratique, ressentent toujours le trac avant d’entrer en scène.

L’objectif est plutôt d’apprendre à gérer le stress pour que son pouvoir ne soit pas paralysant mais plutôt à notre service !

Comment gérer le stress ?

Il y a plein de manières de réguler son niveau de stress. Le stress est à la fois un phénomène physique (on ressent ses symptômes dans notre corps) et un phénomène psychologique (on imagine des scénarios catastrophes ce qui amène notre cerveau à se mettre en mode « survie »).

On peut agir sur l’aspect physique par plusieurs exercices de respiration et de cohérence cardiaque qui vont nous aider à faire baisser les battements de notre coeur et à stabiliser notre respiration. On peut aussi aider notre corps à se détendre musculairement par des massages du visage ou même par un peu de sport !

On peut agir sur l’aspect psychologique également par des outils comme la visualisation (qui va nous aider à imaginer des scénarios positifs plutôt que négatifs), les affirmations, la rationalisation…

Chacun a ses techniques, le plus important est de trouver celle qui peut fonctionner pour vous ! Mais s’il y’en a une qui fonctionne à tous les coups, c’est celle de travailler sur son rapport à l’échec.

Le rapport à l’échec : une question d’enjeu

Beaucoup de personnes n’ont aucun stress pour parler en public devant des gens qu’elles connaissent mais sont tout de suite beaucoup plus paniquées lorsqu’il y a un enjeu particulier : pitcher devant des investisseurs, faire une soutenance de thèse devant un jury, prendre la parole lors d’une réunion importante…

C’est finalement l’enjeu qu’on y met qui va créer la pression source du stress dans de nombreux cas… et la peur de l’échec associée. On a peur du regard des autres, on a peur d’essayer par crainte de dire des bêtises, de ne pas être assez intéressant, d’être jugé, de ne pas être à la hauteur, de ne pas se souvenir de tout etc.

Lors du prochain cours, nous allons justement pratiquer des exercices issus du théâtre d’improvisation qui vont vous aider à être plus à l’aise avec l’idée de l’échec et du jugement d’autrui. Lorsqu’on dédramatise la prise de parole, on se sent libre d’essayer plus de choses, de s’exprimer comme les idées nous viennent et surtout : on finit par être vacciné à l’échec !

Et vous, avez-vous d’autres interprétations sur le stress ? Et déjà des techniques que vous utilisez ?

Improviser une prise de parole

Improviser une prise de parole

Certains sont à l’aise lorsqu’ils ont préparé leur prise de parole parce qu’ils connaissent parfaitement leur sujet et savent ce qu’ils ont à dire… mais sont rapidement déstabilisés dans un contexte d’interaction, de questions-réponses ou lorsqu’on leur demande de s’exprimer à l’improviste.

Vous en faites partie ? Ne vous inquiétez pas, l’art de la répartie et de l’improvisation, ça se pratique !

Pardoxalement, l’improvisation, ça se travaille…

Et oui, on aurait tendance à penser que la capacité à improviser est une capacité naturelle, comme les chats qui retombent toujours sur leurs pattes, or il n’en est rien. Pour devenir un bon humoriste ou un bon improvisateur, il faut s’entraîner.

Prenez l’exemple d’un pianiste qui improvise un morceau de jazz. Pensez-vous que cet homme n’a jamais touché un piano de sa vie et s’est dit « tiens, je vais taper sur les touches et voir ce que cela donne ? ». Bien sûr que non. C’est au contraire un musicien chevronné, qui connaît parfaitement son instrument, travaille dur et, surtout, connaît parfaitement ses gammes, qui lui permettent de composer des mélodies harmonieuses sur le moment !

Connaître ses gammes, ça signifie avoir répété des blocs ou des schémas qui fonctionnent. En prise de parole, cela veut dire que vous avez travaillé des textes ou des interventions sur un sujet, que vous connaissez peut-être des histoires ou des citations sur le bout des doigts. Et c’est parce que vous connaissez bien ces blocs que vous êtes capable, sur le moment, de les ré-assembler pour construire une prise de parole nouvelle.

En somme, on improvise jamais à partir de quelque chose qu’on ne connaît pas… Improviser, ce n’est pas claquer des doigts comme un coup de baguette magique, c’est « sortir spontanément quelque chose qui est déjà en soi« .

Mais comment improviser sur un sujet qu’on connaît peu ou très peu ?

La recette consiste à relier ce sujet à n’importe quelle chose que vous pouvez justement connaître ou dont vous pouvez parler.

Cela nécessite cependant d’être dans une bonne disposition physique qui vous permet d’être réceptif et agile : être extrêmement détendu musculairement (et pas crispé ou stressé), être à l’écoute, en pleine conscience, l’esprit observateur et vif.

Si vous êtes trop dans votre tête, il y a de fortes chances pour que votre cerveau fasse un blocage, que vous analysiez trop la situation et soyez incapable de répondre sur le moment.

Cela nécessite aussi de travailler sa créativité et son lâcher-prise pour faire de bonnes associations d’idées qui vont constituer un fil rouge pour parler sur presque n’importe quoi… et de mettre de côté le facteur émotionnel pour prendre du recul par rapport à la situation et la transformer en jeu !

De nombreux exercices issus du théâtre d’improvisation et pratiqués en cours vont vous permettre de développer ce muscle qui est en vous !